08 Décembre 2025
Durabilité

Market Weekly - La finance durable a encore de beaux jours devant elle

Tania Glassey Par Tania Glassey
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L’ESG : entre ciel bleu et nuages passagers

Un ciel dégagé 

Imaginez un vaste ciel bleu : c’était l’âge d’or de l’ESG. En effet, ces dix dernières années, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) étaient devenus le « must » des investisseurs. Cette tendance s’est appuyée sur une remise en question des modèles financiers traditionnels, un éveil des consciences environnementales et sociales, ainsi que sur le développement de normes en matière de durabilité. Les flux financiers vers des placements responsables ont, par exemple, affiché une croissance annuelle moyenne de 22% depuis 2018. 
 

Des nuages à l’horizon 

Mais voilà qu’une tempête géopolitique tend à reléguer l’ESG au second plan. Cette ère Trump – marquée par le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, son scepticisme sur le changement climatique et la limitation de l’aide militaire aux pays européens – a amené des nuages orageux dans le ciel de la finance durable. En mars dernier, l’Europe a d’ailleurs assoupli ses exigences en matière de « reporting » environnemental afin d’alléger la charge administrative pesant sur les entreprises. Moins de paperasse, c’est vrai, mais aussi moins de données claires, ne facilitant pas leur intégration dans les décisions d’investissement. Et pourtant… 
 

Chasser la nébulosité 

Les investisseurs veulent du concret. Ils demandent simplement des éléments essentiels : de la transparence (comprendre les mesures ESG), une comparabilité (avoir des points de repère) et une harmonisation des normes ESG tant sur le plan international que national. 

Dans ce contexte brumeux, il serait imprudent de renoncer aux ambitions et aux objectifs initiaux de la finance durable.

Spécialiste ESG, Solutions & Advisory, BCVS
Quand le brouillard s’installe, on sort le GPS 

Dans ce contexte brumeux, il serait imprudent de renoncer aux ambitions et aux objectifs initiaux de la finance durable. Cette période de turbulences pourrait être interprétée comme l’heure d’un nettoyage de printemps et d’un nouveau départ. Il devient alors nécessaire de repenser les outils d’évaluation des critères ESG afin de les adapter aux réalités d’un marché en constante évolution. Par exemple, la digitalisation et l’utilisation de technologies avancées (comme l’intelligence artificielle et le big data) pourraient offrir de nouvelles perspectives pour collecter, analyser et diffuser des données fiables et comparables sur les performances ESG des entreprises. 
 

Après la pluie… 

En définitive, si l’actualité semble parfois reléguer l’ESG au rang de priorité secondaire, la finance durable a encore de beaux jours devant elle. Les défis actuels – qu’ils soient politiques, réglementaires ou économiques – nécessitent une adaptation des outils et des approches existantes. L’ESG n’est pas un ciel figé, mais bien un système météo dynamique. En adaptant nos instruments et en maintenant le focus sur l’essentiel, on prépare le grand retour du soleil durable. Cette période de turbulences pourrait bien constituer le prélude à une nouvelle ère de la finance responsable, plus robuste et résiliente face aux tempêtes de demain. Imaginez un bel arc-en-ciel.